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tête en terre cuite découverte fortuitement à Lezoux, lors de la construction de la maison de retraite Mon Repos en 1996 (datation indéterminée, ramassage Sonia Roussy, musée départemental de Lezoux)
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LEZOUX,terre de potiers romains
Les ateliers de potiers antiques de Lezoux furent, avec ceux de Millau-La Graufesenque, le centre de production céramique le plus important de l'Empire romain. Sur plusieurs dizaines d'hectares, les fabricants lézoviens façonnèrent plusieurs centaines de millions de vases. Ces produits étaient exportés, grâce à un réseau commercial efficace dans tout le nord de l'Empire romain. C'est ainsi que les poteries de Lezoux sont fréquemment découvertes en France, en Grande-Bretagne, au Bénélux, en Allemagne, en Suisse, en Hongrie, en Roumanie et même parfois e~ terre barbare, au-delà du Limes, comme en Pologne. Parmi les productions, la plus importante et la plus notable est celle de la sigillée. Il s'agit d'une céramique à vernis rouge brillant, dont les formes (plus de 230) répondaient à des critères typologiques stricts. Un fort pourcentage de vases était moulé et présentait des décors végétaux ou issus du répertoire romain (mythologie, scènes de gladiature, etc.). La sigillée a été fabriquée durant les cinq premiers siècles de notre ère, avec des techniques, des styles ou des formes qui ont évolué ou changé. Aussi, le moindre fragment de céramique sigillée de Lezoux découvert sur un chantier archéologique en France ou en Europe est considéré comme une découverte importante, pouvant dater la couche dans laquelle il a été trouvé avec une précision d'une ou de quelques décennies. Par delà cette simple utilisation de la sigillée comme un chronomètre pour les archéologues, ces tessons sont aussi le reflet direct de la diffusion de la romanité à travers tout l'empire.
Les débuts de la productionSi la période protohistorique semble occuper une place non négligeable sur le territoire de la commune de Lezoux, seul un seul four de potiers de l'âge du fer atteste actuellement une activité potière préromaine. C'est au tout début du premier millénaire de notre ère, probablement dans la dernière partie du règne d'Auguste, que les premières officines de céramique de type romain commencèrent leur activité. A côté de céramiques fines -cruches à engobe blanc, lagènes rouges-, les premières sigillées, tant lisses que moulées, dénotent la forte influence des ateliers du nord de l'Italie. Certains décorateurs semblent même avoir utilisé des poinçons italiques e| des potiers affichent, dans leurs estampilles, leur filiation avec le centre céramique d'Arezzo, en Toscane. Les débuts de Lezoux sont d'ailleurs étonnants par leur technicité, l'ampleur des moyens et des hommes mis en place. Près de 120 potiers et une dizaine de décorateurs ont déjà été identifiés (Dans ce comptage, nous ne pouvons prendre en compte, bien évidemment, que les potiers qui signaient épigraphiquement leur production ou des décorateurs possédant un style très original) pour cette première phase de production, qui n'a duré guère plus qu'une trentaine d'années. Ce démarrage semble si soudain qu'il faut sans doute voir derrière la main de riches negotiatores, qui ont décidé l'implantation d'unités de production importantes pour s'imposer sur le marché. Malgré une bonne diffusion à leur commencement vers des contrées lointaines, les ateliers lézoviens paraissent devoir ensuite s'incliner devant les exportations de sigillées de Millau, et dans une moindre mesure, celles de Montans. Tout cela pose des questions, auxquelles il est bien difficile de répondre : d'où venait cette main-d'oeuvre spécialisée, pouvait-elle être uniquement d'origine indigène, qu'est-elle devenue ? Il semble cependant que l'hypothèse de potiers ayant travaillé en Italie soit la piste la plus vraisemblable.
La grande période de LezouxAlors que la production de la sigillée a fortement décru, voire cessé, vers la fin du deuxième quart du Ier s., celle des céramiques fines ne connut pas de solution de continuité. Sous les Flaviens, et grâce sans doute à l'action de grands commerçants, Lezoux va connaître un important renouveau, tant au point de vue des formes, que des styles décoratifs. Au début du IIe s., ce mouvement se poursuivit et s'accompagna d'un grand changement technique ; les potiers employèrent alors une argile calcaire qui permettait d'obtenir des vases avec un vernis parfaitement étanche. Durant tout le IIe et le début du siècle suivant, les produits de Lezoux furent massivement exportés et occupent la part principale du marché de la sigillée. Dans le courant du IIIe s., l'activité régressa ; elle fut accompagnée d'une baisse de qualité et de l'arrêt des grandes exportations. Celle-ci s'accrut jusqu'au début du Ve s., époque à laquelle les potiers lézoviens fabriquèrent les dernières coupes sigillées moulées (forme Drag. 37) de tout l'Empire romain, ces vases qui, durant plusieurs siècles, ont véhiculé une certaine image de la romanité jusqu'aux endroits les plus reculés des provinces.
Après la période romaineUne activité potière est attestée à Lezoux depuis le Moyen Age jusqu'à la période contemporaine, mais sans jamais atteindre l'ampleur et la spécificité des ateliers romains. Cependant, la manufacture Bompard fabriqua grès et faïences, aux XIXe et XXe s., qui furent diffusés sur une échelle assez vaste grâce au réseau des magasins de l'Épargne et à des commandes du ministère de la guerre. Didier Marty (poterie de la Croix des Rameaux, rue de la République), Annie Bernard (Atelier du Tour de la Terre, avenue du Dr Corny) et Gérard Morla (atelier expérimental du C.R.D.V. au château de Montsablé) sont les actuels représentants de l'activité céramique de Lezoux.
Les structures de production antiqueLes ateliers de potiers de Lezoux étaient répartis, sur le territoire actuel de la commune, e~ plusieurs agglomérations qui pouvaient regrouper plusieurs dizaines d'officines. Les plus importants de ces groupes d'ateliers furent ceux de la rue Saint-Taurin, de Ligonnes et de la route de Maringues. Ceux de la rue Saint-Taurin, situés au centre du bourg actuel, sont probablement les plus vastes avec une superficie de plus de 20 hectares et plusieurs centaines de potiers attestés. Les structures qui subsistent de ces ateliers sont principalement des fours, des aires de préparation de l'argile, des bâtiments. Ils sont généralement construits avec des fragments de tuiles ou de grands éléments en terre cuite. Découverte du site et premières exploitationsC'est juste avant la Révolution Française que le passé antique de Lezoux resurgit à l'occasion de travaux sur la propriété de M. de Chazerat, à Ligonnes. Plusieurs dizaines de fours de potiers gallo-romains auraient été alors été découverts. Depuis lors, l'attention des collectionneurs se porta sur Lezoux et les cabinets d'antiquaires du monde entier s'enrichirent de leurs découvertes. A la fin du XIXe s., le Dr E. Plicque, par ses multiples fouilles et acquisitions, amplifia les recherches et constitua une solide collection. C'est en grande partie grâce à lui, bien qu'indirectement, que des travaux plus scientifiques virent le jour. Ainsi, J. Déchelette, dans Les Vases Céramiques Ornés de la Gaule Romaine, en 1904, synthétisa ces données. D'autre part, sa collection acquise par de grandes institutions (Le musée des Antiquités se rendit propriétaire de la plus grande partie de cette collection.) fut à l'origine de plusieurs travaux fondamentaux. D'autres collectionneurs continuèrent des recherches désordonnées, laissèrent leur nom à la postérité, mais malheureusement aucune publication. Vers le milieu du XXe siècle, quelques amateurs, comme J. Martin et Ch. Fabre, firent l'effort de publier quelques articles ou opuscules. Un intérêt local, ne se limitant plus à quelques notables, se développa alors ; il se concrétisa par la création du Comité Archéologique de Lezoux à la fin des années 50, puis d'un musée municipal contrôlé. Une mission anglaise, sous la direction de B. Hartley et du professeur Frere, fut à l'origine de la reprise des fouilles en 1963. H. Vertet, chercheur au C.N.R.S., put rapidement contrôler ces recherches, assurer la conservation sur place de la plus grande partie du mobilier découvert et entreprendre de nouvelles fouilles. Celles-ci eurent l'handicap de n'être qu'une suite de sauvetages menés avec les faibles moyens qui étaient ceux de l'archéologie d'alors. L'arrêt des fouilles sur la ZAC de l'Enclos en 1987 permit au centre archéologique de décupler son activité et d'avancer considérablement dans la connaissance de la céramique lézovienne, en renouvelant la recherche. Il a permis la réalisation de plusieurs thèses, de DEA et de nombreuses maîtrises. En 1991, suite à un appel d'offre international lancé par la sous-direction de l'archéologie, un programme triennal de recherche fut mis en place.
La mission de recherche instituée par le ministère de la cultureEn 1991, la masse documentaire réunie sur Lezoux était considérable, bien que lacunaire et très partielle. Afin d'avoir une documentation homogène et renseignée sur le site de Lezoux -plus particulièrement sur les ateliers de potiers gallo-romains de Lezoux-, la sous-direction de l'archéologie a mis en place un programme de recherche jusqu'en septembre 1994. Dans ce cadre, tout le territoire de la commune a fait l'objet d'une vaste enquête. Des prospections au sol ont permis d'explorer plus d'un millier d'hectares en milieu labouré, 500 sondages ont permis d'effectuer un échantillonnage représentatif sur la sensibilité archéologique des différents secteurs de Lezoux, 1500 carottages d'explorer les milieux fortement urbanisés et de contrôler d'autres méthodes de prospections. Des prospections au magnétomètre à protons, au résistivimètre ou par carroyage ont affiné la connaissance de certaines zones sensibles. Des prospections aériennes par U.L.M. ont, en revanche, complété la connaissance des abords des ateliers et ont fourni une documentation photographique de premier plan grâce à un suivi vidéo (1 million d'images enregistrées). Le tri-inventaire du dépôt de fouilles, qui réunit deux millions d'artefacts provenant des quarante dernières années de fouilles, a pu être réalisé à environ 50 % ; il a fourni une connaissance matérielle des ateliers fouillés précédemment et une caractérisation des productions. L'ensemble des données, outre un archivage classique et graphique, bénéficie d'un traitement cartographique informatisé très puissant qui relie toutes les données acquises. Après 1994, des opérations archéologiques de petite et de moyenne ampleur ont été réalisées, sur quelques sites de la commune de Lezoux, à l'initiative du Service régional de l'archéologie qui gère également le dépôt de fouilles archéologiques et la base de travail de l'impasse Pasteur. Philippe BET
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