HUGUES VERTET - ANDRÉ et JACQUES LASFARGUES

 

REMARQUES SUR LES FILIALES DES ATELIERS DE LA VALLÉE

DU PO À LYON ET DANS LA VALLÉE DE L'ALLIER

 

extrait de "Atti del Convegno Internazionale sui problemi della ceramica romana di Ravenna, della valle Padana e dell'alto Adriatico" (Ravenne, 10-12 mai 1969) Bologne, 1972

 

Les fouilles systématiques des ateliers de potiers du Centre de la Gaule ont commencé seulement depuis quelques années(1). A cela se sont ajoutées de remarquables découvertes d'officines cramiques inconnues. Tout le matériel mis au jour a permis de renouveler les hypothèses admises concernant la diffusion des techniques étrangères en Gaule, dans le domaine de la fabrication de la vaisselle de luxe, pendant les deux premiers siècles de notre ère.'(2)On conservait le schéma établi par J. Déchelette en 1904,(3) selon lequel l'évolution, dans l'espace et dans le temps, de la production céramique à reliefs, se serait faite en passant d'un centre à l'autre dans l'ordre suivant: Arezzo (Italie) et vallée du Pô: Auguste-Tibère; La Graufesenque (Aveyron): Ier siècle. Lezoux (IIe siècle): ateliers de l'Est (II-III-IV° siècles). Si ce schéma reste vrai en 1969, ce n'est plus que dans un domaine restreint: celui de la succession de quatre ensembles d'ateliers qui ont le mieux réussi, qui furent probablement les plus florissants et les plus productifs.

Mais cette ligne générale ne tient compte ni des essais, ni des réussites temporaires, ni des reculs épisodiques de ces fabriques. Elle ignore d'autres ateliers qui ont pu servir d'étapes; elle passe sous silence les succursales fondées ici ou là, dont le rôle fut plus ou moins notable. Elle suit le mouvement centrifuge qui écarte les industries de l'Italie et les rapproche du Limes. Elle ne constitue donc qu'une connaissance trop superficielle de ce petit chapitre de l'histoire économique qu'est celle de l'industrie céramique; nous noyons qu'il nous reste beaucoup à découvrir et à étudier, pour transformer ce schéma en représentation d'activité réelle.

Il n'est pas facile de saisir les débuts de l'industrie des potiers dans un nouveau site, pour de nombreuses raisons: leurs premiers produits sont rares, souvent peu diffusés, parfois tellement semblables à ceux de la maison-mère que seules les analyses de terre pourront permettre de les différencier; la permanence des ateliers fait que les artisans se réinstallent souvent au même endroit, détruisant les vestiges anciens, laissant peu de couches homogènes...

Cependant, nous avons eu la chance de découvrir récemment, à Lyon et dans le centre de la France, des ensembles remarquables qui nous per-mettent de poser de façon nouvelle des problèmes que Joseph Déchelette avait déjà entrevus; analysant avec beaucoup de soin et de pénétration certaines fabrications de la vallée du Pô, leur comparant des découvertes faites en Gaule, sur des habitats et dans des ateliers, ce grand savant avait tiré les conclusions suivantes:

1) «vers la fin du I° siècle avant notre ère, des vases à pâte claire, gobelets ou flacons étaient importés en Gaule. Quelques uns proviennent de l'officine d'ACO. Cet atelier, probablement gallo-italique, exporte en même temps ses produits en Pannonie et dans la région du Lac Majeur. D'autres fabriques, celles de L. Sarius et de Norbanus, livrent au commerce des poterie moulées similaires. Quelques uns des petits vases de ces trois fabriques présentent une pâte rouge et un vernis rouge. D'autres, à pâte claire, sont recouverts d'une glaçure jaune vitreuse»;

2) avant le milieu du I° siècle après notre ère, les potiers gaulois des bords de l'Allier, commencent à exploiter la technique italique en imi-tant les gobelets et les petits flacons présumés italiques.'

J. Déchelette n'avait guère à sa disposition., pour retracer l'implantation des fabrications du Nord de l'Italie en Gaule, que ces gobelets. Ils appa-raissent en fait, encore actuellement, comme un type de céramique parti-culièrement intéressant et facile à suivre. Ils sont de forme bien caractéristi-que. Moulés, ils ont aussi un décor original.

Mais si le potier ACO a été un des producteurs éminents de ces gobelets décorés, désigner par son nom, comme on l'a fait jusqu'à aujourd'hui toute cette série, parait être source d'erreur possible. En effet, nous nous sommes aperçus qu'elle avait donné naissance à quantité de dérivés. Bien plus, la découverte des ateliers de Lyon nous a amenés à étudier en-semble gobelets moulés et gobelets lisses, fabriqués dans les mêmes ateliers et à la même période. II faudrait donc trouver une dénomination plus générale.

L'étude des découvertes récentes est en cours, mais nous ne pensons pas devoir attendre la rédaction d'un travail complet pour les signaler. Nous avons aussi réduit cette communication aux seules découvertes d'ateliers fabriquant des gobelets, laissant de côté pour le moment les trouvailles isolées. L'examen de leurs décors nous révèle l'existence d'autres ateliers encore inconnus pour l'instant.

 

LYON

Au printemps 1966, une partie d'un important atelier, avec des fours et des dépotoirs fut découverte à Lyon, sur les quais de la Saône, dans le quartier de la Muette(5). Monsieur Amable Audin, directeur des fouilles de Lyon et Monsieur Leglay, directeur de la Circonscription archéologique Rhône-Alpes, ont bien voulu me confier le chantier et la publication, responsabilité que je partage avec André Lasfargues, professeur de lettres et Jacques Lasfargues, conservateur adjoint du Musée de la civilisation romaine, à Lyon.

La céramique recueillie peut se diviser en cinq parties: terre sigillée moulée, terre sigillée lisse, gobelets moulés et lisses, céramique commune, amphores. I1 semble que cet atelier ait été installé sous Auguste, par des artisans étrangers, venus notamment d'Italie.

Les gobelets proviennent d'un énorme dépotoir, dont une partie seu-lement a été explorée. C'était un amas de vases brisés, non remanié. Nous y avons trouvé:

- des gobelets moulés (quelques kilogrammes)

- des gobelets lisses (majorité du dépôt)

- de la terre sigillée lisse, signée ATTI, SENTI, ....

-quelques fragments de briques, de tuyaux percés de trous, d'amphores (rares) de céramique commune et de lampes,

 

Gobelets moulés(6)

 

A) Signateurs CHRISIPPVS, HILARVS ACO, T. AVIVS, PHILARCUR., PHILOCRATES, FIDELIS.

B) Moules ils sont ouverts en haut et en bas, en pâte jaune nuancée de rouge. Le bord n'est pas mouluré, l'extérieur est lissé. Nous avons seulement des fragments de deux moules, dont le décor comprend, de haut en bas:

1") Une frise de feuilles imbriquées; une signature, brisée, qui se lit: (Hilar)VS ACO (elle est encadrée de deux feuilles); un semi de picots.

2") Une frise de petites feuilles trilobées; une guirlande de feuilles; un com-bat de gladiateurs; (la signature complète est CHRISIPPVS)

C) Formes. Nous avons deux formes: une haute et une basse. Ces dernières semblent avoir été produites seulement par T.C. AVIVS et HILARVS ACO.

La pâte varie du rouge au jaune et au marron, et passe au gris et au noir, lorsqu'elle est surcuite. C'est une pâte différente de celle de la sigillée du même atelier; elle n'est jamais engobée.

D) Les décors peuvent être classés en deux groupes:

1) décor de semi de picots: il se rencontre sur les formes hautes et basses. Il est toujours terminé en haut par une frise d'éléments végétaux: fleurs stylisées, rosettes, feuilles... En bas, il peut y avoir des vides trian-gulaires, timbrés d'un petit motif ou non. Tous les décorateurs de gobelets de la Muette en ont produit;

2) décor figuré. Comme les précédents, ils ont toujours une frise su-périeure, mais ils ne se rencontrent que sur les formes hautes. On peut distinguer quatre types différents:

a) dans un décor de picots, de simples fenêtres ont été ménagées, hautes de 25 mm. environ, où apparaissent des sujets variés: gladiateurs, Minerve, visage... (cf. fig. 1, n. 2)

b) des combats de gladiateurs, parfois associés à des scènes érotiques. De haut en bas: une frise : une guirlande : tout en bas, soit trois gros dau-phins, sons une corbeille de feuilles assez haute (CHRISIPPVS).

c) décor à deux zones, avec imbrications dans la zone inférieure, de petites feuilles ou de petites fleurs (CHRISIPPVS)

d) décor à deux zones avec métopes dans la zone inférieure. Le haut du gobelet est analogue à celui du précédent, mais parait mieux ordonné. La zone inférieure est décorée de lignes pointillées verticales, déterminant des métopes, où sont placés des motifs isolés (CHRISIPPVS) (cf. fig. 1, n. 1, dessin et photo).

Le répertoire des décorateurs de gobelets est varié et les poinçons-matrices sont souvent remarquables. Proviennent-t-ils d'intailles ou de camées? Les frises sont minutieusement élaborées, et permettront sans doute de déterminer des attributions à un potier ou à un autre, comme les oves sur la terre sigillée.

Chrisippus est le maître le plus remarquable de la Muette. La plupart des motifs ne se retrouvent que dans son répertoire. Les différences entre les décors des gobelets italiens, publiés, et ceux de Lyon posent des problè-mes nouveaux.

Gobelets lisses

Ils représentent la plus grande partie du dépotoir dont nous avons parlé plus haut. Monsieur André Lasfargues a réalisé l'exploit remarquable de remonter quantité de vases, dont les menus fragments étaient dispersés dans des quintaux de gobelets identiques. Il a classé les formes, et en a commencé l'étude.(7)

Quatre formes constituent la majorité du dépôt: - tonnelet forme galbée à base étroite: s'élargissant vers le haut. La lèvre est faite d'un bourrelet arrondi, parfois souligné d'un sillon. - tasse Forme plus large que haute. Fond plat, étroit. La panse porte à mi-hauteur un sillon ou un listel. - gobelet tronconique Les parois sont rectilignes, et la forme géométrique. Un sillon à mi-hauteur de la panse.

- gobelet droit Le fond repose sur deux bourrelets concentriques. Les parois sont rectilignes, exactement verticales.

Les deux premières formes sont les plus nombreuses.

Dans les quatre cas, les pâtes sont très fines, comparables à celles des gobelets moulés, et sans engobe.

La diffusion des gobelets de la Muette, moulés et lisses a été fort étendue, et l'étude est en cours.

 

II - ATELIERS DE LA VALLEE DE L'ALLIER

Les fouilles stratigraphiques de plusieurs ateliers de la vallée de l'Allier ont été reprises avec l'aide du Ministère des Affaires Culturelles, sous la direction de H. Vertet: Elles ont porté sur les officines de Lezoux de Saint-Bonnet-Yzeure, de Toulon sur Allier, des Martres de Veyre, de Saint-Rémy en Rollat, Gannat, et sur des ateliers encore inconnus: Courpière, Bègues, Elles ont donné de nombreux fours de potiers, et quantité de terre sigillée, de statuettes, lampes, céramiques fines et communes,... Parmi ces productions, nous relevons les gobelets lisses et moulés.

Nous avons mentionné plus haut les rapprochements établis par J. Déchelette entre les ateliers de Saint Rémy en Rollat, qu'il avait fouillés, et ceux de la vallée du Pô. D'autres archéologues avaient aussi signalé des tessons et des gobelets entiers trouvés dans le Centre de la France, et remarqué qu'ils présentaient des différences avec les gobelets classiques(8), autant qu'avec ceux de Saint Rémy en Rollat. On pouvait donc supposer qu'il existait des ateliers inconnus. Les fouilles nous ont permis de dé-couvrir encore d'autres séries, dans les lieux mêmes où elles furent fabriquées.

 

ATELIERS DE LEZOUX

 

Des ateliers tibériens ont été découverts et fouillés en 1967-68 (9). La céramique recueillies peut se diviser en cinq parties: terre sigillée moulée, terre sigillée lisse, gobelets moulés et guillochés, céramique fine, céramique commune. L'atelier a probablement reçu des ouvriers étrangers, vraisemblablement de Lyon et de La Graufesenque, et employé aussi une main d'oeuvre locale.

La date de cet ensemble est donnée par une estampille rédigée: TIBER. CAESAR, par une estampille arétine importée: PRIIlVS / C.AN-NI, par les décors copiés sur des thèmes arétins,..

Pour le moment seuls les gobelets rappellent l'influence de la vallée du Pô; les calices évoquent plutôt un atelier provincial arétin, de même que la sigillée lisse, par ses formes comme par ses estampilles.

Les gobelets ont une forme nettement inspirée du gobelet classique moulé, avec une lèvre haute et lisse, et les deux fines moulures au sommet et à la base. Mais les proportions sont moins belles, la pâte moins fine, les parois beaucoup plus épaisses; les reliefs sont moins minutieux et moins soignés.

Signatures. Nous n'en avons retrouvé que deux. De l'une, il ne subsiste que trois lettres, placées sous la frise, (selon la tradition). Une autre apparaît sur une petite estampille de deux lignes superposées:

FECIT/RVTEN (Rutenos fecit). Rutenus est le seul potier qui ait signé des vases moulés, dans l'ensemble que nous avons découvert. Nous avons son nom estampillé sur plusieurs coupes carénées (fin 29) et plusieurs moules portent un R gravé après cuisson, ce qui pourrait bien être la marque de propriété du même Rutenos.

Moules Comme ceux de Lyon, ils sont en pâte rose, ouverts aux deux extrémités, sans moulure, lissés à l'extérieur.

Formes Seule existe la forme haute.

Décors

1) le semi de picots est très rare. Un seul tesson est ainsi décoré, et très irrégulièrement. I1 est vraisemblable que les décorateurs de Lezoux ne connaissaient point le tour de main nécessaire, qui demandait certai-nement une très grande habileté.

2) Décor figuré:

a) sur quelques tessons on peut relever divers motifs: lézards, gladiateurs, tête de Gorgone, masques, glaive dans son fourreau...;

b) décor végétal: il est assez fréquent et comporte plusieurs variantes, par exemple: a) arbres ou plantes tracés au stylet, à main levée, dont les fleurs sont terminées par des feuilles ou des fleurs; entre ces arbres, des lézards, des triangles de picots, (cf. fig. 2, n. 6)...; b) imbrications de grandes feuilles assez écartées, assez grandes pour que quatre rangées garnissent toute la panse; au dessus, la frise, composée d'un rinceau, d'une ligne de rosaces... (cf. fig. 2, n. 7); c) couronne de feuillage (cf. fig. 2, n. 5); d) lignes verticales terminées par des feuilles,...

3) Décor à arcatures. Ce sont des traits verticaux réunis à leur sommet par un demi-cercle. Les espaces vides sont parfois remplis de petits motifs superposés: losanges barrés, feuilles stylisées,... Ils se rapprochent de certaines séries de la vallée du Pô.

4) Décor à zones. Les zones sont diversement décorées. On en trouve parfois trois, séparées ou non par un trait horizontal, garnies de picots et de pointes de fléchés placées en triangles réguliers; parfois une zone supérieure avec un rinceau assez lâche, et une zone inférieure avec un serai d'imbrications de «pointes de flèches» (cf. fig. 2, n. 1); parfois une zone reste vide, l'autre étant ornée d'une couronne de feuillage (cf. fig. 2, n. 5),. .

L'atelier que nous avons fouillé à Lezoux porte la marque d'une décadence certaine. Plusieurs observations montrent qu'il a existé une période antérieure plus belle. Il en subsiste des moules habilement faits. Mais déjà, plusieurs apports extérieurs se sont mêlés. Les mêmes poinçons servent aux coupes carénées (fm. 29), aux calices, aux skyphoi ainsi qu'aux gobelets. De là les mêmes assemblages se retrouvent sur les uns et les autres. Toutes ces formes sont revêtues du même engobe rouge, sauf quelques unes, comme je l'ai dit, de glaçure plombifère.

A Lyon, à l'atelier de la Muette au moins, la sigillée moulée est rare. Les gobelets gardent leur décor et leur disposition caractéristiques. Des ouvriers sont vraisemblablement venus de Lyon à Lezoux, et d'autres ateliers peut-être, mais ce que nous avons trouvé, ce n'est pas leur tra-vail, mais la trace de leur passage.

 

Ateliers de Saint-Bonnet (10)

 

Les découvertes de 1968 permettent de dire que l'atelier de Saint-Bonnet a fabriqué aussi des gobelets lisses et moulés. Ils ont été trouvés dans des fosses dépotoirs avec:

1) des céramiques dites «gallo-belges», à pâte et à vernis noirs, bien lustrées, estampillées: TOUT (orix?), RIMITA;

2) des céramiques communes;

3) des céramiques importées de Lyon, dont il reste par exemple une estampille: TML / FORT / FECI (Titus Manlius Fortunatus fecit).

Les gobelets trouvés sont peu nombreux, les uns portent seulement des guillochures, (comme certains de Lezoux), d'autres étaient moulés. La panse de l'un d'eux porte -me chasse représentée avec des figures mi-nuscules: cavaliers, chiens, lièvres (?). Les décors sont fort maladroits et vraisemblablement relevés par surmoulage sur d'autres vases.

 

Ateliers de Saint-Rémy-en-Rollat

 

Les fouilles anciennes de Saint-Rémy en Rollat sont mal connues. I1 m'a été possible de reprendre des sondages en 1960, puis en 1962(11).

Les gobelets de Saint-Rémy ont été publiés en partie par J. Déche-lette. Ils sont en pâte blanche, non revêtue d'engobe rouge, mais ils portent parfois des traces de glaçure plombifére, comme ceux des ateliers de Vichy, (encore plus mal connus). Aucune signature n'a été relevée. Le décor est beaucoup plus pauvre que ceux de Lezoux et de Saint Bonnet. Les décors animés ont presque disparu: les poinçons sont peu nombreux et souvent stylisés. Il ne reste pour ainsi dire que les décors à arcatures, souvent ma-ladroits. La frise est fréquemment faite des même demi-cercles que les arceaux, mais disposés l'ouverture en haut.

Il se pourrait que les productions de Saint-Rémy aient débuté assez tôt, mais que nous connaissions surtout le matériel de l'époque de Claude. Quelques tessons de La Graufesenque de cette époque étaient mêlés à ceux du dépotoir que j'ai fouillé.

 

Ateliers de Coulanges

Coulanges est un village situé au bord de la Loire, dans le départe-ment de l'Allier. La découverte d'un four de potier de l'époque tibérienne a donné beaucoup de céramique commune, quantité de coupes guillochées (fm. 28), un fragment de moule de très beau vase fm 11,12 et un morceau de moule de gobelet. I1 ressemble beaucoup à ceux de Saint-Rémy en Rollat, par sa pâte blanche, son décor composé seulement de lignes verticales, et son profil.

 

Conclusion

 

Les ateliers mentionnés dans ce bref inventaire sont loin de représenter tous ceux qui ont fabriqué des gobelets moulés ou lisses dans la Gaule Romaine. En effet, de récentes découvertes lyonnaises nous révèlent d'autres officines que celles de la Muette," leur style n'est pas le même. Dans la vallée de l'Allier également, des gobelets trouvés à Gergovie, à Clermont-Ferrand, à Varennes sur Allier ... nous indiquent par leurs décors différents de ceux que nous connaissons, qu'il existe des fabriques encore inconnues. D'autres régions de la Gaule produisirent aussi ce vase à boire, par exem-ple celles des Pyrénées, avec l'atelier de Galane (Gers). On pourrait même se demander si tous les ateliers gaulois qui ont fonctionné sous Auguste et Tibère n'en ont pas mis sur le marché, plus ou moins, soit moulés, soit guillochés, soit lisses. Ce gobelet, appelé traditionnellement «de type ACO» serait alors un précieux témoin de la diffusion des influences italiques en Gaule.

Les récentes découvertes nous amènent donc à compléter le schéma proposé par J. Déchelette; elles nous montrent que les ateliers de la Pénin-sule ont installé des filiales à Lyon, et que ouvriers formés aux méthodes de travail italiques sont allés dans des vicus où se trouvaient peut-être déjà des ateliers céramiques. Mais il reste bien des problèmes à étudier, notamment l'origine exacte des décors des gobelets lyonnais, de ceux de Lezoux, des autres ateliers de la vallée de l'Allier. Nous connaissons encore trop imparfaitement les productions de la Péninsule pour affirmer qu'il viennent de la vallée du Pô, comme le supposait Joseph Déchelette.

 

 

 

NOTES

(1) H. VERTET, Fouilles des ateliers de Lezoux, 1963-66, Revue archéologique de l'Est et du Centre Est, T. XVII1; C. VATIN, Informations archéologiques, Gallia, 1967, 2, pp. 314-322; H. VERTET, Les fouilles officielles, 1962, 1963, 1964, Bulletin du Comité archéologique de Lezoux, 1969, n. 2; H. VERTET, Les fouilles officielles, 1965, 1966, ibidem, 1970, n. 2.

(2) H. VERTET, Les fouilles de Lezoux, Revue archéologique du Centre, VI, 4, pp. 368-370; H. VERTET, Céramique sigillée tibérienne à Lezoux, Revue archéologique, 2/1967, pp. 255-286. H. VERTET, Vase caliciforme de Lezoux à Trèves, Revue archéologique de l'Est et du Centre Est, X1X, 1-4, pp. 267-274; Trierer Zeitschrift, 1968, pp. 243-246.

(3) J. Déchelette, Les vases céramique ornées de la Gaule Romaine, 1904, I.

(4) J.DECHELETTE, Les vases céramiques ornés de la Gaule Romaine I, p. 63. -_

' (5) MARCEL LEGLAY, rapport de Circonscription, Gallia, XXVI, 1968, 2, pp. 570-572. A. AUUIN et M. LEGLAY, Découvertes archéologiques récentes à Lugdunum, métropole des Gaules, Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1966, p. 95 et suiv.

(6) H. VERTET, A. et J. LASAERGUES, Observations sur les gobelets d'ACO de l'Atelier de la Muette (Lyon). R.A.C. J. LASFARGUES et H. VERTET, Les frises supérieu-res des gobelets lyonnais du type ACO, R.A.C.; VI, 3, pp. 272-3.

A. et J. LASFARGUES, Les gobelets à parois fines de da Muette. Revue archéolo-gique de l'Est et du Centre-Est, janvier-juin 1970, XXI, 1-2, pp. 222-224.

(8) R. LANTIER, dans Germania, 19, 1933. L. OHLENROTH, Gallische Aco-Ware, Rei Cretariae Romanae Fautorum Acta II, p. 41-47. H. VERTET, Vases sigillés moulés de Lezoux du début du 1" siècle, Actes du 88° congrès national des Sociétés Sa-vantes 1963.

(9) H. VERTET, Céramique sigillée tibérienne de Lezoux, Revue archéologique, 2/1967. R.A.C., 1967. Maurice PICOLA et Hugues VERTET, La composition des pre-mières sigillées de Lezoux et le problème des céramiques calcaires, Revue archéolo-gique de l'Est et du Centre Est, Janvier-Juin 1970, XXI, 1-2, pp. 207-218.

(10) Saint-Bonnet était mentionné par 1. Déchelette, op. cit., 11, pp. 207-8. Des fouilles récentes ont donné des ensembles qui vont de la période tibérienne à la fin du 11" siècle, avec des fours et des dépotoirs d'ateliers de diverses périodes. Saint-Bonnet fait partie de la commune d'Yzeure, tout près de Moulins (Allier).

(11) St. Rémy en Rollat se trouve près de Vichv. cf. bibliographie dans H. VERTET, Céramique commune de l'officine de Saint-Rémy en Rollat, dans Gallia, t. XIX, 1961, 1., pp. 218-225.

12 Le moule de vase Dragendorff 11, a été publié dans H. VERTET, Vases sigillés moulés de Lezoux du début du 1er siècle, pp. 112-113, dans les Actes du 88° Congrès national des Sociétés savantes; 1963.

13 J, LASFARGUES, M. PILON et A. AUDIN, Ateliers artisanaux de la Sarra, Revue archéologique de l'Est et du Centre Est. Janvier-Juin 1970, pp. 219-220; J. et A. LASFARGUES - J. PONCET - H. VERTET, Découverte de deux fragments de gobelets à parois fines, décorés, à Roanne, ibidem, pp. 221-22.

Ringrazio vivamente il professor A. Stenico, che con grande cortesia mi ha fornito utilissime indicazioni per Io studio di questo materiale.