R.C.R.F. (REI CRETARIAE ROMANAE FAVTORVM) ACTA XXXIV, ALBA REGIA XXV, 1994

 

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Philippe Bet(1) - Alain WITTMAN(2)

 

LA PRODUCTION DE LA CERAMIQUE SIGILLEE A LEZOUX (Auvergne, France) DURANT LE BAS EMPIRE(3)

 

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. Les ateliers

Le centre de production de Lezoux est constitué d'une dizaine de groupes d'ateliers non limitrophes. La plupart d'entre eux sont apparus avec l'essor de la sigillée lézovienne au IIe s., pour disparaître avec les premiers signes de récession dans le courant du IIIe s. Seuls deux groupes ont une durée d'existence plus longue: celui de la route de Maringues qui commence dès le début du Ier s. de notre ère pour s'achever au IIIe s., et celui de la rue Saint-Taurin, dans le centre ville actuel. Celui-ci semble constituer le noyau permanent de la production céramique à Lezoux. Un four de potier laténien et des indices augustéens ont été relevés dans le site de la Z.A.C. de l'Enclos en 1987; un très grand nombre de structures de production céramique s'étalant de l'époque tibérenne jusqu'au IIIe s. ont pu être fouillées. Mais ce qui différencie aussi ce lieu des autres est la poursuite d'une activité céramique de tradition romaine assez tard au Bas-Empire. Aussi, parmi tous les centres de production identifiés entre Loire et Allier, celui de Lezoux est à ce jour le seul qui ait livré les témoignages d'une fabrication de sigillée lisse et moulée jusqu'à la fin du IVe s.

Les vestiges d'ateliers remontant à cette période se trouvent concentrés dans une zone correspondant grossièrement au quartier de la maison de retraite "Mon Repos" et dans le lotissement de la Z.A.C. de l'Enclos. Les principales découvertes concernent les parcelles cadastrales suivantes (cadastre 1987):

- AH 52 (site Taurin): entre 1968 et 1971, H. Vertet dirigea une fouille de sauvetage qui permit de mettre au jour un puits, un four rectangulaire, e| trois aires de préparation de l'argile constituées par un dallage de tegulae. Le remplissage de ces installations se composait principalement de déchets de cuisson, parmi lesquels furent retrouvées huit monnaies du Bas-Empire, émises depuis le règne de Constantin II (337-340) jusqu'à l'époque de Magnus Maximus (382-388) (Vertet - Rigoir - Raignoux 1969-1970, 132).

- AH 72 (terrain de l'Oeuvre Grancher): l'exploration de ce site révéla deux aires de préparation supplémentaires, que les potiers avaient eu soin de bâtir avec des carreaux en terre cuite et non avec de simples

 

(1) UMR 126-3 du CNRS (resp.: C. Bemont). Centre archéologique Duchasseint, F 63 190 Lezoux.

(2) Equipe Archéologique Pluridisciplinaire de Lezoux (coord.:A. Debat).

(3) Nos remerciements chaleureux vont à H. Vertet qui nous a confié le mobilier de ses fouilles du site Taurin, et à J. Rigoir qui nous ont transmis l'intégralité de leurs documents, publiés ou inédits, sur la céramique de ce site. Sans leur concours et leurs multiples conseils, cet article aurait perdu de son essence. Notre reconnaissance va également à R. Brulet et à L. Rivet pour les discussions que nous avons eues ensemble.

 

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tuiles; aux abords immédiats de ces structures de travail fut dégagée une couche d'occupation peu épaisse contenant du mobilier céramique et une dizaine de monnaies dont la frappe s'est échelonnée entre Décence (351-353) et Valentinien II (375-392) (Bet - Vertet 1984, 18).

Ces aménagements de potiers, qui auraient donc fonctionné dans la seconde moitié du IVe s., voire peut-être au début du Ve, se situent à l'emplacement d'ateliers plus anciens, et reprennent parfois même leurs limites exactes.

- AS 375, 403 et 405 (Z.A.C. de l'Enclos): deux fours circulaires, remblayés principalement par des fragments de céramique grise lissée, ont pu être fouillés. Deux monnaies de Constantin Ier se trouvaient mêlées au comblement de l'un d'entre eux (fait 53), mais aucun fragment de sigillée tardive n'y était associé. Celle-ci était cependant présente dans d'autres secteurs du site (tranchées de récupération du IVe s. du bâtiment F.83; couches superficielles).

- AS 279 (site de la Gendarmerie): lors de la destruction de ce site en 1977, du mobilier sigillé du Bas-Empire a été recueilli. Les conditions de l'intervention n'ont pu permettre de les rattacher à des structures en place. -AH 65-70 (site de l'Hôpital): dans des couches du Bas-Empire, le Comité Archéologique, puis H. Vertet et B. Hartley ont découvert du mobilier sigillé du IVe s. et un grand vase orné de reliefs d'applique représentant une scène de taurobole mithraique.

 

2. Aspects techniques des dernières sigillées de Lezoux

L'observation des pâtes céramiques à la loupe binoculaire, effectuée sur plus d'un millier de tessons,(4) nous a amenés à distinguer trois groupes de référence selon la nature et la quantité relative des principaux minéraux qui interviennent dans la composition.

Les pâtes du premier groupe, dont la Pl. XV, photo n° 1 nous donne un exemple, se caractérisent par une densité extrêmement forte de nodules de chaux. Une telle prolifération du calcium les apparente donc très directement aux pâtes de la seconde moitié du IIe s., à l'intérieur desquelles les concrétions calcaires sont omniprésentes (Pl. XVI-XVII, photos n° 4 et 5). Toutefois, à l'inverse de ces pâtes du Haut-Empire, dont la texture est remarquablement homogène, celles qui nous occupent sont d'une constitution très disparate, dans la mesure ou elles contiennent en abondance plusieurs types d'éléments non plastiques, tels que lamelles de mica, cristaux de quartz, nodules rouges (chamotte ?) et noirs. Bien que la taille de ces matériaux soit généralement comprise entre 0,1 et 0,5 mm, il n'est pas rare que ceux-ci atteignent 1 mm d'épaisseur. D'une couleur variant entre le brun-rose et la teinte saumon, les pâtes de cette catégorie sont constamment recouvertes d'un vernis rouge, résistant et partiellement vitrifié.

Comme on peut le voir sur la Pl. XV, photo n° 2, les pâtes regroupées dans le deuxième ensemble ont une structure beaucoup moins riche en calcaire que précédemment, même si celui-ci est encore assez largement répandu. Des micas, des quartz, ainsi que des particules rouges ou noires apparaissent çà et là, à côté de petites cavités circulaires et de longues fissures creusées dans le sens de la paroi. Le plus souvent orangée, la pâte prend parfois une coloration différente qui peut aller du beige clair jusqu'au brun-rose. L'engobe, quant à lui, est d'ordinaire non grésé e| orange, mais il peut arriver qu'il affecte des caractères analogues à ceux qui furent décrits plus haut.

Dans le troisième groupe, alors qu'elles ne recèlent plus qu'une infime quantité de points de chaux, les pâtes sont habituellement constellées de minuscules paillettes de mica (Pl. XVI, photo n° 3). On y trouve également des cristaux de quartz, des nodules rouges et de très larges tâches brunes dont nous ignorons encore l'origine. En dépit de leur dominante

beige ou brun-rose, ces pâtes laissent fréquemment entrevoir un noyau grisâtre; en outre, elles sont systématiquement associées à des engobes orangés, de qualité assez médiocre et toujours très poreux.

En résumé, nous pouvons constater que le grésage du vernis, l'une des caractéristiques des sigillées d'Arezzo, n'est jamais parfaitement réalisé sur les productions tardives. Néanmoins, il nous faut convenir que si ces revêtements connaissent une profonde décadence en raison de mauvaises conditions de cuisson, les pâtes, en revanche, demeurent nettement dans la tradition de la vraie sigillée; en effet, malgré une apparence hétérogène qui a pu quelquefois induire en erreur, elles possèdent une composition à tendance calcaire, non siliceuse. Cela est particulièrement perceptible au niveau des deux premiers ensembles, dont les échantillons rappellent immanquablement les productions des phases 5 à 7 (Pl. XVIXVIII, photos n° 4 à 6). Un doute subsiste, certes, pour les pâtes du troisième groupe, au-dedans desquelles le calcium n'atteint jamais les mêmes pourcentages; mais il faut bien voir que ces dernières, dont la représentation est d'ailleurs très minoritaire dans le mobilier du Bas-Empire, ont peu de choses en commun avec les argiles siliceuses que l'on utilisait notamment pour la confection des sigillées du Ier s. ap. J.-C. (Pl. XVIII, photos n° 7 et 8).

Sigillée ou non-sigillée? La question mérite-elle vraiment d'être posée? La pâte calcaire et le non-grésage de l'engobe, arguments souvent avancés pour distinguer la "vraie" sigillée des "imitations", sont-ils des critères technologiques éliminatoires? A notre avis, et surtout si l'on tient compte des récentes cuissons "expérimentales"

 

4) Une série importante d'analyses physico-chimiques sont actuellement en cours au laboratoire de céramique de Lyon (resp. M. Picon )

dans le cadre du programme d'inventaire et de cartographie des . (ateliers de potiers de Lezoux

 

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effectuées récemment en France, la réponse est négative. Sans nul doute, les potiers de Lezoux avaient pour unique intention de fabriquer de la sigillée mais des imitations de sigillée. Les formes sont si exactes, le marquage des vases est si rigoureux, les techniques décoratives sont si au point qu'il nous paraîtrait aberrant de retirer le qualicatif de sigillée à des productions à l'engobe non grésé issues de fours à tubulures.

 

3. La céramique lisse

 

L'inventaire des formes que nous présentons maintenant constitue le prolongement de la typologie publiée dans les actes du congrès de la S.F.E.C.A.G. (Bet -Fenet-Montineri 1989, 37-54) et se rapportant aux sigillées lisses de Lezoux fabriquées depuis le Ier jusqu'au mileu du IIIe s. Afin de préserver une certaine cohérence entre ces typologies du Haut- et du Bas-Empire, le classement des formes que nous avons adopté reprend un schéma pratiquement analogue à celui qui avait été choisi pour le répertoire précédent. C'est ainsi que l'on retrouve en premier lieu des formes hémisphériques simples, puis des plats et assiettes, une forme cylindrique, et de gros récipients assimilables à des mortiers; vient ensuite un large vase muni d'une ou deux anses, au profil encore indéterminé, auquel succèdent deux formes fermées et un couvercle. D'autre part; en ce qui concerne la numérotation de nos récipients, nous avons jugé adéquat de l'inaugurer à partir du n° 201, de manière à permettre l'intégration de formes inédites à la suite de la typologie du Haut-Empire qui compte pour l'instant 166 numéros. (5)

N° 201: Produite, selon toute vraisemblance, en peu d'exemplaires, cette pièce de vaisselle se caractérise par une panse conique, légèrement convexe et surmontée d'une lèvre qui s'infléchit résolument vers l'intérieur. Sur l'unique échantillon de l'Oeuvre Grancher, une arête extérieure marque la limite de la lèvre, mais la présence de cette carène ne semble pas être un phénomène constant, puisqu'un vase de forme et de dimensions comparables, retrouvé lors de la fouille du site Taurin, nous donne l'exemple d'une paroi régulièrement galbée jusqu'à l'ouverture, sans qu'il intervienne de rupture nette. Aucune filiation logique n'a pu être établie entre la forme n° 201 et les sigillées lédosiennes du Haut-Empire; il s'agit donc là d'une réelle innovation des potiers de l'antiquité tardive.

N° 202: né du Drag. 40, ce petit bol hémisphérique a été fabriqué en plusieurs tailles; d'un diamètre à l'ouverture deux fois supérieur à la hauteur totale, il est pourvu d'un pied annulaire relativement étroit, de faible hauteur, et dont la section apparaît, soit rectangulaire, soit pentagonale. Nous devons également noter l'existence quasi permanente d'une gorge, située approximativement à l'endroit ou se redresse la panse. En dépit de l'évidente ressemblance qui se manifeste entre tous les représentants de la forme n° 202, il est possible d'établir une discrimination à partir de la configuration de leur panse, et ainsi de déterminer trois variantes majeures. La première d'entre elles dévoile dans sa partie haute un profil tronconique qui se termine par une lèvre rentrante. La deuxième variante, dont la forme 003 de Lezoux est le prototype (Bet - Fenet - Montineri 1989, 39, 41), présente une panse hémisphérique surmontée d'une lèvre ronde, tandis que la troisième, s'inspirant davantage du bol 004 (Bet-Fenet-Mortineri 39, 41), se démarque par sa silhouette visiblement plus carénée et par sa lèvre fortement déversée.

N° 203: la coupe n° 203 tire son origine de la forme n° 008, qui n'est autre que la transposition du Drag. 37 dans le domaine de la vaisselle lisse (ibid., 39, 41). Contrairement à la forme n° 008, dont la paroi est toujours uniformément hémisphérique, la coupe utilisée aux IIIe et IVe s. accuse parfois une important renflement au niveau de la liaison entre le bord et la panse; de même, la lèvre ronde du IIe s. fait désormais place à une grande lèvre biseautée, et comme l'on peut en juger d'après les exemplaires complets, le pied tend à devenir plus trapu sous le Bas-Empire. A de rares exceptions près, tous les vases correspondant à la forme n° 203 ont leurs flancs sillonnés d'une ou deux gorges horizontales; la surface inférieure que celles-ci délimitent peut éventuellement servir de support à une ornementation constituée d'incisions guillochées.

N° 204: le vase reproduit sur notre planche provient du site Taurin, et demeure à ce jour un spécimen unique; il s'agit d'une petite coupe dont la panse galbée s'achève par une lèvre en crochet. Cette forme est sans aucun doute une création du IIIe ou du IVe s., car ses caractères morphologiques n'autorisent aucun rapprochement avec des types plus anciens.

N° 205: avec sa panse hémisphérique qui s'achève en rebord ourlé, cette forme s'inscrit dans la lignée du Drag. 35 (forme n° 014 de Lezoux - ibid., 39, 41), dont elle ne diffère que par l'adjonction d'une gorge sur la paroi extérieure.

N° 206: autre dérivé du Drag. 35, la coupe n° 206 se distingue par une lèvre généralement très anguleuse, et par une constriction plus ou moins importante au sommet de la panse. Le corps arrondi du vase s'appuie quant à lui sur un pied pentagonal, bien moins élevé qu'il ne l'était aux Ier et Ile s. Du point de vue de la décoration, nous signalerons la complète disparition des motifs barbotinés, ainsi que de la rainure interne.

N° 207: la forme n° 207, dont quelques fragments seulement ont été découverts sur la Z.A.C. de l'Enclos, est tout à fait spécifique du Bas-Empire. La panse, entamée dans sa partie basse par deux gorges, subit un très fort rétrécissement dans sa partie haute; lui succède une lèvre

 

 

(5) Jusqu'à présent, 117 formes ont été publier (Bet - Fenet - Montineri 1989).

 

 

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horizontale, extrêmement développée, et moulurée sur ses deux cotés.

N° 208: ce type de récipient n'est connu que sur le site de l'Oeuvre Grancher. Sa forme est celle d'une coupelle ou d'une petite assiette à paroi convexe. Un marli plat, laissé vierge de toute décoration, se rattache à la panse selon une courbe ininterrompue.

N° 209: au même titre que le Drag. 35 dont il est le pendant, le Drag. 36 (forme n° 015 de Lezoux - ibid., 39, 41) s'est perpétué au coeur de l'Antiquité tardive. Un changement, cependant, est intervenu au niveau de la panse qui, au lieu de rester courbe, a adopté un profil plus rectiligne. Ce redressement de la paroi a eu pour conséquence de faire apparaître une rupture de plan, aussi bien extérieure qu'intérieure, à l'endroit ou se rejoignent le marli et la panse. De temps à autre, on retrouve à l'intérieur des vases la gorge qui soulignait le raccord entre ces deux éléments. Le marli, pour sa part, n'a subi que très peu de modifications; quand il ne suit pas un inflexion régulière, il se présente comme un lèvre droite, en position oblique et avec une extrémité retombante que l'on voit quelquefois bordée sur sa face supérieure par une gorge ou un ressaut. Même s'ils n'étaient pas aussi fréquemment ornés que les Drag. 36 classiques, les dérivés du Bas-Empire n'ignoraient pas les décors à la barbotine; au demeurant, les potiers ont su faire preuve d'une certaine fantaisie pour agrémenter leurs marlis, puisque les feuilles d'eau stylisées, qui étaient jusque-là la parure exclusive du Drag. 36, furent parfois remplacées par des incisions guillochées. Pour le IVe s., la mesure des diamètres à la lèvre a mis en évidence la fabrication de deux séries distinctes, l'une regroupant des assiettes de 13 à 20 cm de large, l'autre étant représentée par de grands plats creux dont le calibre oscille entre 29 et 36 cm; la forme du pied était fonction de la taille du vase: de section à peu près rectangulaire sur les petites assiettes, il était en bourrelet sur les récipients les plus grands. Aussi, la comparaison du nombre d'exemplaires de chaque série montre que les potiers de cette époque ont orienté leur production avant tout vers les grandes tailles, à l'inverse de leurs ancêtres du Haut-Empire qui privilégiaient plutôt les petits formats.

N° 210: bien que son marli soit similaire à celui de la forme précédente, ce vase extrêmement profond possède des proportions particulières qui permettent de le classer comme une forme différente; nous pouvons donc en conclure que durant le Bas-Empire, la notion de service n'a pas totalement disparu dans les officines de sigillée.

N° 211: fabriqué indifféremment en sigillée, en céramique grise lissée et en céramique commune, ce plat est une survivance de la forme Curle 15, créée dès les premières années du Ile s. (forme n° 045 de Lezoux ibid., 42-43). Bien que dans l'ensemble il soit resté fidèle à son modèle initial, ce dérivé se signale par le creusement beaucoup plus prononcé de la panse, et par la diminution, en contrepartie, de la hauteur du bord qui devient de ce fait un simple marli. De surcroît, la moulure en quart-de-rond que les potiers façonnaient systématiquement sur les Curle 15 classiques, n'existe plus sur la forme n° 211, et n'est parfois même pas remplacée par un angle saillant. Parallèlement aux plats issus de la forme Drag. 36, le n° 211 fut produit essentiellement en deux tailles; les petites assiettes qui mesurent 15 à 20 cm de large sont, là encore, moins fréquentes que les grands récipients dont le diamètre varie entre 29 et 36 cm. La décoration guillochée, absolument étrangère aux plats du IIe s., se rencontre quelquefois sur le marli des vases tardifs.

N° 212: d'une allure générale sensiblement identique, la forme n° 212 n'a cependant pas les mêmes proportions que le plat n° 211. Ces deux récipients aux fonctions divergentes, quoique complémentaires, devaient former un service, à l'instar des dérivés du Drag. 36.

N° 213: ce plat se compose d'une panse convexe, assez profonde, et d'une grosse lèvre débordante; sa paroi interne est souvent traversée d'une gorge ou d'un ressaut, et son diamètre à la lèvre dépasse généralement 30 cm. Réalisé également en céramique à engobe ocre, il découle en droite ligne de la forme n° 032 de Lezoux anciennement Walters 80 (ibid., 40, 43).

N° 214: inventée par les potiers de l'Antiquité tardive, la forme n° 214 est une grande assiette à panse conique et à lèvre verticale; cette dernière peut présenter une forte concavité ou être séparée de la panse par une fine rainure horizontale.

N° 215: c'est une petite coupelle carénée à paroi évasée et à lèvre ronde. Sur la surface extérieure, une moulure en creux longe la carène, tandis que la lèvre est bordée d'un ressaut. Retrouvée seulement sur le site Taurin, cette forme très rare ne s'apparente à aucune production sigillée du Haut-Empire.

N° 216: d'un diamètre ne dépassant pas une douzaine de centimètres, ce vase tronconique porte une lèvre ronde dont la limite extérieure est matérialisée par un très léger ressaut; deux rainures à peine esquissées décorent la paroi du récipient, et de la même façon, la carène située sur la partie basse est sillonnée d'une gorge, elle-même juxtaposée à une petite moulure plate. La forme n° 216, dont seul le site Taurin a livré quelques fragments, a été créée de toutes pièces à la fin du IIIe ou dans le courant du IVe s.

N° 217: dans cette forme, le bord oblique est en retrait par rapport à la panse. Cette dernière est très évasée, et sauf exception, comporte toujours une ornementation guillochée surmonté d'une moulure concave. Le pied est d'ordinaire pentagonal, et le bord, quelquefois couvert de guillochis, est doté d'une lèvre aplatie, en tout point semblable à celles des formes 203 et 220. La forme n° 217 a été élaborée en marge des influences du répertoire classique et nous apparaît donc comme un produit typique du Bas-Empire.

 

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N° 218: selon toute probabilité, l'ancêtre de ce vase est le bol à collerette n° 088 de Lezoux, déjà répertorié par H. Dragendorff sous le n° 38 (ibid., 46-47). Au cours des IIIe et IVe s., celui-ci a fait l'objet, semble-t-il, de plusieurs transformations dont la plus importante réside certainement dans la perte de la lèvre ronde, qui auparavant surplombait largement le bord. Il est intéressant de constater que ce phénomène, loin d'être réservé aux Drag. 38 tournés à Lezoux, s'observe également dits d'autres ateliers de la Gaule, notamment en Argonne.

N° 219: les récipients rassemblés sous ce numéro sont issus de la forme n° 089, plus connue sous le nom de Drag. 44 (ibid., 46-47). Contrairement aux coupes du Ile s. dont les contours sont arrondis, ces dérivés offrent une panse assez rectiligne et un bourrelet médian très découpé. La lèvre, originellement ronde et débordante, s'atrophie considérablement au point d'être simplement signalée par une gorge.

N° 220: le Drag. 44 donna naissance à une autre forme, la coupe n° 220, qui fut produite en très nombreux exemplaires. Malgré des analogies avec le n° 219, cette coupe s'en éloigne par certaines caractéristiques, et notamment par la grande lèvre biseautée qui couronne le bord. Tantôt vertical, tantôt incliné vers l'extérieur, celui-ci est fréquemment creusé de guillochis ou de gorges horizontales.

N° 221: simplement déversée ou bien rabattue en crochet, la lèvre est en général délimitée à l'extérieur par un ressaut. Le bord, qui fait saillie au-dessus de la panse, porte souvent une moulure concave sur sa partie inférieure; dans quelques cas, néanmoins, cette mouluration peut être remplacée par un véritable bourrelet. En outre, le bandeau est volontiers rehaussé d'un décor en relief qui présente des méandres végétaux tracés à la barbotine, discontinus et asymétriques, au milieu desquels se répandent des lignes pointillées exécutées selon le même procédé. A ces compositions se mêlent parfois des reliefs d'applique mettant en scène des animaux sauvages ou des figures mythologiques. Plus rarement, les potiers ont agrémenté leurs vases d'une décoration en creux, comme le prouve par exemple un échantillon des fouilles de l'Hôpital (1964) dont le bandeau est strié d'incisions guillochées. Le diamètre à la lèvre de la forme n° 221 varie entre 13 et 30 cm environ. Sur les spécimens les moins larges, le pied est pentagonal, tout en demeurant assez bas; les grands récipients, par contre, reposent sur un pied beaucoup plus élevé, pentagonal ou en bourrelet, et dont la principale originalité est d'être sillonné d'une gorge extérieure. Héritière de la forme n° 091, initialement appelée Walters 81 (ibid., 46-47), la coupe n° 221 connut également une large production dans les domaines de la céramique grise lissée, de la céramique à engobe ocre, et de la céramique commune.

N° 222: nous n'avons pu déceler pour la coupe n° 222 aucun prototype sigillé du Haut-Empire. La panse conique de ce large récipient se rattache au bord par l'intermédiaire d'une carène très accentuée; la lèvre est en bourrelet, et le bandeau qui la soutient reste lisse tout en étant fortement bombé. Un équivalent de cette forme existe en céramique grise lissée.

N° 223 (non représenté): un fragment de cette forme a été recueilli dans le remplissage d'un grand four rectangulaire (F. 55) sur le site de l'Enclos. Ce tesson, malheureusement trop incomplet pour être dessiné, se compose d'une lèvre tombante sur laquelle est adaptée un déversoir; nous sommes donc là en présence d'un mortarium, peut-être dérivé de la forme 097 (Drag. 43) qui fut abondamment fabriquée à la fin du IIe et au début du IIIe s. (ibid., 46, 48).

N° 224: Au IVe s., le mortier Drag. 45 (forme n° 100 de Lezoux - ibid., 46, 48) conserve presque intacts ses caractères d'origine. Cependant, les productions tardives se distinguent aisément des fabrications plus précoces par le fait que leur bandeau vertical, bordé en haut et en bas par une ou deux gorges, est habituellement envahi par une décoration foisonnante. Presque toujours, celle-ci consiste en une alternance de reliefs d'applique et d'ondulations végétales exécutées à la barbotine.

N° 225: le bord oblique de ce récipient s'achève par une lèvre simple, soulignée intérieurement par un ressaut, et à laquelle se rattachent une ou deux anses aplaties. Même si nous n'en avons encore qu'une vision très partielle, cette forme provenant du site Taurin peut d'ores et déjà être considérée comme une invention des potiers tardifs.

N° 226: comme le Drag. 45, le Déch. 72 à panse globulaire (forme n° 102 de Lezoux - ibid., 46, 48) n'a pour ainsi dire pas évolué jusqu'à la fin du IVe s. Seule l'ornementation a quelque peu changé, dans la mesure ou des bandes guillochées figurent parfois sur la panse, en association ou non avec les motifs barbotinés et les reliefs d'applique. Par ailleurs, les décors excisés, s'ils demeurent encore présents sous une forme assez fruste, semblent extrêmement rares à cette époque. En plus des gobelets à boire individuels, il existe des récipients de très grande taille, à l'image de l'urne mithriaque conservée au musée de Lezoux (C.A.L. 1957, BET-GANGLOFF-VERTET 1987).

N° 227: il s'agit d'une petite cruche ou d'un flacon sans anse. Les parois du goulot, très fines, convergent vers une lèvre droite et soigneusement ouvragée. Actuellement, cette forme n'est attestée que sur la Z.A.C. de l'Enclos.

N° 228: au sein du matériel récolté sur le site Taurin, l'on remarque plusieurs tessons d'un même couvercle; la paroi, à laquelle manque le bouton de préhension, est presque horizontale et se rabat verticalement pour former rebord. Cette forme tardive est une nouveauté importante dans le répertoire de la sigillée lédosienne, puisqu'aucun couvercle n'a jamais été réalisé dans cette technique au cours des deux premiers siècles.

 

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4. La céramique moulée

 

 

Le Drag. 37 connaît un destin bien particulier à Lezoux. Il est généralement convenu - mais également constaté que cette forme apparaît vers les années 65 et qu'elle rencontre un vif succès au Ile s. Tous les autres centres de production provinciaux abandonnent l'emploi des moules à la fin du Me s. et au plus tard au début du IVe s.

A Lezoux, la situation est différente puisque la forme est attestée dès l'époque libérienne et qu'elle ne disparaît pas avant la fin du IVe s. Il s'agit, par conséquent, d'un bel exemple de pérennité d'une forme céramique. Les Drag. 37 libériens sont issus de moules hémisphériques destinés à l'origine à la fabrication de formes Vertet 28 (Vertet 1972), vases sans engobe interne; ils reçoivent plusieurs modifications (engobage intégral, bandeau vertical lisse au-dessus de la zone décorée et petite lèvre e~ bourrelet) qui en font des Drag. 37 à part entière (MONTINERI 1991). Le phénomène est cependant limité au point de vue quantitatif et, d'autre part, il n'est pas à exclure qu'une solution de continuité puisse exister avec les productions flaviennes, vu que cette forme n'est toujours pas attestée durant la période intermédiaire (phase 3 de Lezoux).

Au IVe s., le Drag. 37 est l'unique forme moulée encore fabriquée dans les officines lédosiennes; il occupe toujours une place de choix en se situant au troisième rang des productions sigillées, ce qui correspond à un pourcentage variant entre 5 et 10 % selon les sites. Cette valeur est assurément moindre que celle reconnue pour le Ile s., ou le pourcentage avoisine souvent les 20 %.

La forme ne diffère pas essentiellement de celle de la seconde moitié du Ile s. La lèvre est juste un peu plus aplatie. Le bandeau lisse, bien qu'un peu plus large, ne présente pas pour autant un profil démesuré.

Les motifs sont, pour la plupart, issus du répertoire du IIe-IIIe s. Ils ont été alors surmoulés, puis estampés - parfois par série de deux - dans de petits moules servant à confectionner des poinçons matrices qui étaient retouchés avant cuisson; c'est pour cette raison que chacun des grands types figurés est connu en plusieurs variantes. Tous ces motifs, notamment du fait d'une application trop forte dans le moule, ont un aspect empâté. Ils accusent aussi, par le fait de ces opérations successives, une forte réduction par rapport à leur prototype. Ils représentent surtout des animaux (oiseau, dauphin, chien, lionne, biche, cerf, coquilles) ou des végétaux (feuille, rosette,...). Quant aux personnages, l'essentiel réside dans de petits amours (notamment celui qui ouvre la cage aux oiseaux) et dans le porteur d'amphore; moins fréquemment, des satyres, des pans, le monstre anguipède, Vénus sont également représentés, ainsi qu'un couple érotique.

La zone décorative est généralement limitée par une frise d'oves, souvent placés à l'envers, mais à laquelle peut se substituer une rangée de feuilles ou de coquilles.

Les schémas décoratifs sont simples. Le style libre, incluant parfois des arcatures ou de grands cercles avec personnage central, semble avoir connu plus particulièrement la faveur des décorateurs; de petits motifs (losange, feuille, fleur, couronne) constellent les espaces vides. Le recours à la rigide organisation en métopes est rare. L'absence de toute signature in forma (Bet Delage 1991) rend difficile l'évaluation du nombre de décorateurs ayant pu travailler à Lezoux durant cette période; la seule détermination de plusieurs familles de décors n'induit pas ce nombre et l'emploi, pour chacune d'entre elles, de poinçons différents n'implique pas la multiplicité de leur utilisateur.

 

 

5. Marques de potiers

 

 

L'opération qui consistait à apposer une marque sur le fond interne des vases lisses disparaît presque totalement dans les ateliers lédosiens de l'Antiquité tardive.

Comme nous l'avons déjà démontré pour la période d'activité qui s'étend du Ier au début du IIIe s. (Bet 1988. Bet - Fenet Montineri 1989) l'utilisation ou la non-utilisation d'une marque n'était pas laissée au choix du potier, mais était subordonnée à la forme des récipients, de sorte que certains types de vases portaient constamment le même genre d'empreinte (estampille épigraphique, rosette, marque curviligne simple ou concentrique), tandis que d'autres étaient systématiquement dépourvus de toute espèce de marque.

Partant de ce constat, l'abandon de l'estampillage à la rosette semble simple à expliquer. En effet, les seules formes qui furent estampillées ainsi (formes n° 042 et 043), à partir de l'époque flavienne, n'eurent pas de prolongement à la fin de l'Empire.

 

De même, parmi les formes du Haut-Empire qui ont engendré des dérivés au IVe s., cinq n'étaient jamais signées (formes n° 004, 008, 014, 015, 102), et trois autres ne l'étaient que de façon très exceptionnelle (formes n° 089. 091, 100) (ibid., 1989, 39-48); rien d'étonnant, donc, à ce que leurs descendants du Bas-Empire n'aient à aucun moment fait l'objet d'une telle pratique. Cependant, une exception nous est fournie par la forme 209 dérivée du Drag. 36 (n° 015), dont l'unique exemplaire complet porte en son centre une marque circulaire. Nous ignorons, malgré tout, s'il s'agit d'un usage généralisé, ou au contraire, d'un fait isolé.

Pour certaines formes du Bas-Empire, la perte de l'estampillage n'a pas encore trouvé d'éclaircissement. Ainsi, les potiers du Ile s. imprimaient un motif circulaire sur les formes n° 003 et 045, et apposaient leur nom ou celui de leur officine sur les n° 032 et 088 (ibid., 1989, 39-47); comment expliquer dès lors que, mise à part l'assiette n` 045 dont le marquage a peut-être subsisté longtemps, ces récipients aient perdu, dès le milieu du IIIe s., leur mode de signature? D'autre part, pourquoi les formes créées à partir

 

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de cette époque n'ont-elles jamais été estampillées? Faut-il voir là le résultat d'une aggravation de l'analphabétisme, comme pourrait l'indiquer le développement d'estampilles éphigraphiques inintelligibles sur les sigillées de la première moitié du IIIe s.? Des éléments de réponse nous sont fournis par la céramique moulée; si aucune estampille in forma n'est attestée sur des vases Drag. 37, un gratte "LAE" ou "LAF" a été relevé sur le fond intérieur d'un moule et des graffites "MA" se retrouvent sur des maquettes de poinçon-matrice.(` Tous ces indices montrent qu'une certaine catégorie de fabricants savaient écrire. Le fait que ces marques figurent toujours sur des zones non-visibles par le consommateur n'est peut-être pas innocent et pourrait suggérer une volonté des potiers à ne pas recourir à des signatures épigraphiques. Si tel était les cas, la raison profonde de ce comportement, qui contraste avec les usages des siècles passés, pose davantage de problèmes qu'une simple ignorance de l'écriture.

 

 

6. Diffusion

 

 

Eu égard au fait que pendant des années les archéologues n'ont pas eu les moyens de reconnaître ce type de céramique sur leurs fouilles, il est encore trop tôt pour déterminer l'aire de diffusion exacte de la sigillée tardive. Toutefois, quelques recherches récentes, menées principalement en Auvergne, nous permettent dès maintenant de fixer sur la carte quelques-uns des débouchés régionaux des officines lédosiennes.

- Puy-de-Dome (63):

Dans le voisinage immédiat de Lezoux, tout d'abord, trois habitats antiques ont livré des céramiques lisses et moulées du IVe s. (prospections: F. Rampa1, G. Rogers); deux d'entre eux sont situés à l'intérieur des limites communales de Glaine-Montaigut, l'un au lieu-dit "Les Guérins" et l'autre sur le versant sud du Puy Lacroix, tandis que le troisième est implanté à l'est de Chignat, entre le Jauron et la route départementale D. 70.

A Clermont-Ferrand, l'ancienne capitale des Arvernes, plusieurs fragments de sigillée lisse furent mis au jour en 1991, à l'occasion d'un sondage réalisé par F. Malacher entre la place de la Victoire et la rue Barbançon; cette découverte semble d'autant moins surprenante que ce secteur était autrefois inclus dans le périmètre des fortifications du Bas-Empire.

Dans le cadre d'une étude de sensibilité archéologique effectuée parA. Fourvel et S. Liégard, une tranchée exploratoire a été ouverte à Romagnat, au lieudit "Maréchal", au début de l'année 1992. Sont apparus quelques vestiges d'une villa gallo-romaine, parmi lesquels se trouvaient des tessons de la coupe n° 220.

Enfin, une équipe archéologique dirigée par O. Paradis a repéré au sud de l'agglomération d'Aigueperse, au lieu-dit "Les Granges", l'emplacement d'un habitat gallo-romain dont les liens économiques avec les ateliers lédosiens du IVe s. sont attestés par la présence de plusieurs fragments des formes n° 203 et 221.

Il convient de mentionner que certaines nécropoles de la fin de l'Antiquité, comme celle des Martres-d'Artières (Perichon -Chopelin 1970) ou celle de Pardines, près d'Issoire (Desforges -Fournier 1945, 123), présentaient des tombes dont le mobilier funéraire était constitué en partie de poteries sigillées tardives. Nous n'avons, il est vrai, pas encore eu la possibilité d'examiner directement ce matériel, mais compte tenu des dessins et des documents photographiques dont nous disposons, il paraît légitime d'attribuer ces vases aux officines de Lezoux, et non à celles d'Argonne comme le suggéraient notamment D e s f o r g e s et Fo u r n i e r ; en effet, il a été retrouvé dans les sépultures des récipients de la forme n° 221 qui était inconnue des potiers argonnais.

- Haute-Loire (43):

Le musée Crozatier, au Puy-en-Velay, possède dans ses collections de nombreux tessons de céramique lédosienne tardive qui proviennent de localités voisines, telles que Saint-Jean-de-Nay ou Espaly. Pourtant, ces fragments n'appartiennent pas à la catégorie des sigillées, mais relèvent des autres types de productions en vigueur à Lezoux, notamment de la céramique peinte et de la céramique grise lissée. Compte tenu de l'existence de circuits commerciaux entre les ateliers de Lezoux et les sites vellaves, il est permis de penser que des sigillées ont pu être également exportées vers ces contrées. Nos investigations futures devraient pouvoir confirmer ou infirmer cette hypothèse.

- Allier (03):

A Besson, au lieu-dit "les Morlands", une prospection à vue a été menée par D. Liégard en 1992. Ce site, apparemment occupé durant une très longue période, a fourni plusieurs tessons sigillés, e~ particulier des fragments de coupe n° 221 et de mortier n° 224. En association avec ces vases fut découverte une monnaie de Constantin II qui concorde assez bien avec les datations obtenues à Lezoux.

- Indre-et-Loire (37):

Dans le matériel du site n° 3 (Château), rue Bernard Palissy à Tours, a été identifié un exemplaire de la forme n° 221. Cette agglomération, qui à l'époque antique devait être directement approvisionnée par l'Allier, est à ce jour le site de consommation le plus éloigné que l'on ait reconnu.

 

(6) Le moule de Drag. 37 a été trouvé sur le site Taurin par H. Vertet et les maquettes ont été découvertes lors des fouilles de la Z.A.C. de l'Enclos (p. 1718).

 

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7. Conclusion

 

Un problème reste en suspens, à savoir celui de la chronologie des vases tardifs. Contrairement à la connaissance relativement précise que l'on peut avoir de la durée de vie des sigillées du Haut-Empire, nous n'avons pu, par manque d'indices stratigraphiques, fixer de cadres chronologiques pour chacune de nos formes. Les séries monétaires qui nous sont parvenues se situent dans la seconde moitié du IVe s., mais il est possible que ces vases aient commencé à être fabriqués dès la fin du IIIe s. Pour l'heure, les productions de la phase 9 (fin IIIe-milieu IVe s.) n'ont pu être identifiées avec certitude à cause du vide archéologique auquel nous sommes confrontés pour cette période.

La diffusion des produits sigillés tardifs de Lezoux n'est pas encore très bien cernée, mais au niveau régional, elle s'affirme davantage depuis quelques mois grâce à une enquête menée par l'un de nous. L'indice fourni par les fouilles de Tours et la taille des installations de potiers nous incite à imaginer une production relativement importante dépassant le cadre local, même si elle est demeurée infiniment plus limitée qu'aux siècles précédents.

Enfin, il nous paraît nécessaire de retenir de cette production les formes moulées Drag. 37. Alors que, dans l'Est, l'utilisation de moules ne semble guère s'étendre tellement au-delà de la fin du IIIe s., à Lezoux, celle-ci se prolonge d'un bon siècle. Les productions tardives de Lezoux seraient-elles alors l'expression d'une profonde romanité qui aurait baigné durablement la Basse-Auvergne(7) ou témoignent-t-elles d'un simple archaïsme?

 

 

 

 

(7) G. Fournier a déjà exposé que cette région avait été tenue à l'écart des influences germaniques et qu'elle resta terre de culture romaine plus longtemps que les contrées alentours (FOURNIER 1962).

 

 

BILIOGRAPHIE

 

 

Bet 1988 PH. BET, Croupes d'ateliers et potiers de Lezoux (Puy-de-Dôme) durant lu période gallo-romaine. SFECAG, Actes du congrès d'Orange, 221-241.

 

Bet-Delage 1991 PH. BET - R. DELAGE, Introduction à l'étude des marques sur sigillée moulée de Lezoux. SFECAG, Actes du congres de Cognac, 193-227.

 

Bet-Fenet-Montineri 1989 PH. BET - A. FENET - D. MONTINERI, La typologie de la ,sigillée lisse de Lezoux, Ier-IIIe s.: considérations générales et formes inédites. SFECAG, Actes du congrès de Lezoux, 37-54.

 

Bet- Gangloff 1987 PH. BET - R. GANGLOFF, Les installations de potiers gallo-romains sur le site de la Z.A.C. de l'Enclos à Lezoux (Puy-de-Dôme). SFECAG, Actes du congrès de Caen, 145-158.

 

BET - GANGLOFF- VERTET 1987 PH. BET - R. GANGLOFF- H. VERTET, Les productions céramiques antiques de Lezoux. Revue Archéologique Sites, hors série n° 32.

 

Bet - Vertet 1984 PH. BET - H. VERTET, Un atelier de potiers du IVe s. à Lezoux (Puy-de-Dôme). Revue Archéologique Sites, XIX, 16-19.

 

Bet - Vertet 1985 PH. BET - H. VERTET, Les sigillées moulées et à reliefs d'applique du IVe siècle à Lezoux. SFECAG, Actes du congrès de Reims, 47-48.

 

C.A.L. 1957 Comité Archéologique de Lezoux: Les découvertes de Lezoux: vase à relief d'applique représentant Mithra sacrifiant le taureau et moule à relief d'applique figurant la déesse gallo-romaine Epona. Ogam, IX, 147-150.

 

Desforges - Fourrier 1931/1945 E. DESFORGES - P.-F. FOURNIER, La nécropole de la Maison Blanche (commune de Pardines). I. Revue d'Auvergne, XLV, 1931, 1-19; II. Revue d'Auvergne, LIX, 1945, 105-127.

 

FOURNIER 1962 G. FOURNIER, Le peuplement rural en Basse-Auvergne durant le haut Moyen Age. P.U.F.

 

Genevrier-Rogers 1990 .J.-L. GENEVRIER - G. ROGERS, Les monnaies de la fouille de la Z.A.C. de l'Enclos à Lezoux. Revue Archéologique Sites, XLI, 12-17.

 

MONTINERI 1991 D. MONTINERI, Les productions précoces de céramique sigillée moulée de Lezoux (Puy-de-Dôme). Thèse de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, Sorbonne, Paris, 3 vol., 520 p. A paraître dans les hors-séries de la Revue Archéologique Sites.

 

Périchon - Chopelin 1970 R. PERICHON - C. CHOPELIN, Une nécropole du Bas-Empire aux Martres-d Arrières (Puy-de-Dôme). Gallia, XXVIII, 165-191.

 

PICON 1973 M. PICON, Introduction à l'étude technique des céramiques sigillées de Lezoux. Centre de Recherches sur les techniques gréco-romaines, II. Dijon.

 

Vertet 1972 H. VERTET, Projet d'un répertoire des vases à décor moulé fabriqués à Lezoux. Revue Archéologique du Centre, XI, 283-298.

 

Vertet - Picon - Meille 1969/70 H. VERTET - M. PICON - E. MEILLE, Quelques observations techniques sur les sigillées du IVème siècle à Lezoux. RCRF Acta, XI/XII, 125-129.

 

Vertet - Picon - Vichy 1970 H. VERTET - M. P1CON - M. VICHY, Note sur la composition des céramiques du IVe siècle de Lezoux. Revue Archéologique du Centre, IX, 243-250.

 

Vertet -Rigoir-Raignoux 1969/70 H. VERTET - Y. RIGOIR - R. RAIGNOUX, Céramique du IVe siècle trouvée à Lezoux. RCRF Acta, XI/XII, 130-142.

WITTMANN 1991 A. WITTMANN, Exploitation informatique et statistique du mobilier des fouilles archéologiques. L'exemple du site de l'Oeuvre Grancher à Lezoux. Mémoire de D.E.A., Université de Clermont II, 3 vol., 619 p.

 

 

 

 

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